«Israël a retenu la leçon de la Shoah et, depuis sa création, il a appris à se défendre, à défendre ses habitants contre ses ennemis et constituer un abri pour les juifs, où qu'ils soient», a déclaré mercredi, en une commémoration spéciale devant le Parlement, le Premier ministre Ariel Sharon. «La leçon, c'est que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.»
Israël est devenu «la compagnie d'assurances du peuple juif», titrait le quotidien Yédiot Aharonot ce jour-là. «Une des fonctions de l'Etat d'Israël est de permettre aux juifs dans le monde de vivre dans la sécurité et la paix», affirme le journal. Ce lien, quasi ombilical, avec la Shoah est inscrit dans la vie quotidienne de l'Etat juif. Une institution comme Yad Vachem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, y joue un rôle central : là, visiteurs officiels, touristes, mais aussi jeunes conscrits rendent une visite obligée à ce haut lieu de la mémoire. Et à quelques jours de la fête de l'Indépendance, au printemps, la Journée de la Shoah et de l'héroïsme immobilise le pays pendant la sonnerie des sirènes. Tout est fait pour que le «plus jamais ça» pénètre en profondeur les consciences.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Les rescapés de la Shoah se souviennent que l'accueil dans leur nouvelle patrie ne fut pas toujours exemplaire. De l'après-guerre est née une horrible expression de l'argot hébreu, sabon («savon»), pour désigner les nouveaux venus pâles et faibles en comparaison du sabra (juif présent en Palestine avant la cr