Jérusalem de notre correspondant
La décision est «révolutionnaire», voire «postsioniste», comme l'en accusent ses adversaires. Désormais, les terres de l'Etat d'Israël devront être offertes à la vente ou à la location à tous les candidats acquéreurs. Sans exclusion, et donc, aussi, aux citoyens arabes. Y compris celles du Kéren Kayémet LéIsraël (KKL, Fonds national juif unifié), qui, jusque-là, les refusait aux Arabes. Ainsi en a décidé le procureur de l'Etat et conseiller juridique du gouvernement, Ménahem «Méni» Mazouz, en réponse à un recours de l'organisation de défense des droits civiques des Arabes d'Israël, Adala, devant la Haute Cour de justice.
Après cinquante-sept ans d'existence, Israël remet ainsi en cause l'une des plus anciennes instances du mouvement sioniste. Créé en 1901, le KKL avait pour première mission d'acheter des terres en Palestine, puis de les bonifier. En plus d'un siècle, sa tâche a été immense : assèchement des marais de la Galilée, afforestation, mise en valeur du désert du Néguev ; la plupart des terres des kibboutzim lui appartiennent. Désormais sous administration des Domaines, le KKL possède encore près de 13 % de l'ensemble des terres, qu'il rétrocède uniquement à des juifs, comme le veut sa constitution, qui en fait «le gardien des biens du peuple juif».
Cet arrêt a soulevé un tollé à droite, pour laquelle il remet en cause «le caractère juif de l'Etat». Ménahem Mazouz, dont la démission est réclamée par l'extrême droite, «a sacrifié la derni