Pékin intérim
Pendant trois semaines, six compagnies de chaque rive vont effectuer quarante-huit vols charter entre la Chine continentale et Taiwan. C'est la première liaison aérienne directe entre le continent et l'île depuis cinquante-cinq ans, si on exclut... une douzaine de détournements de vols commerciaux et quelques défections de pilotes de chasse.
Les médias officiels chinois célèbrent cet événement en grande pompe, le présentant comme un signe d'avancée vers la «réunification». Samedi matin, une cérémonie devait être organisée à l'aéroport de Pékin pour accueillir les passagers du premier vol qualifié de «domestique» par les autorités chinoises. Ironie de l'histoire, l'aéroport de Taipei où les avions doivent atterrir porte le nom de... Tchang Kaï-chek, l'homme qui est à l'origine de l'interdiction des liaisons directes.
Hommes d'affaires. L'annonce de ces vols a été un soulagement pour les hommes d'affaires taïwanais et leur famille. Ils sont plus d'un million à vivre sur le continent essentiellement à Shanghai. Chaque année, un tiers d'entre eux retourne sur l'île pour la Fête du printemps. Jusqu'à présent, pour rallier l'autre rive, il fallait changer d'avion à Hongkong ou Macao. «C'est un voyage de douze heures au lieu d'une seule si on volait tout droit, et plus cher que pour aller à Los Angeles. Nous payons le prix fort de la discorde politique alors que nous voulons juste faire des affaires», déplore Victor Liu, directeur pour la Chine d'une entreprise de joue