Il y a deux conceptions de l'amitié. Celle où deux amis se disent tout, au risque de se brouiller. Et celle où l'on se passe tout au nom de ses intérêts mutuels bien compris. Sous les trente-huit ans de règne du général-président Gnassingbé Eyadéma, la France de gauche comme de droite a privilégié la seconde. Elle a entériné son maintien au pouvoir ad vitam aeternam au Togo, malgré de graves violations des droits de l'homme. Dans son message de condoléances, Jacques Chirac a qualifié, samedi, le défunt président d'«ami personnel». Une déclaration qui a choqué l'opposition togolaise et les associations de défense des droits de l'homme. «Cette expression recouvre une réalité : Chirac a connu Eyadéma dans l'armée française en Algérie, avant qu'il devienne président du Togo», se défend-on dans l'entourage du chef de l'Etat français.
Transition. Au lendemain de la mort d'Eyadéma et de la nomination à la hussarde de son fils, Faure Gnassingbé, les regards se tournent vers l'ancienne puissance coloniale. Paris va-t-il rompre avec les usages du passé afin de favoriser une transition démocratique au Togo ? Depuis samedi, la France a paru en retrait par rapport à l'Union africaine (UA). Quand le président de l'exécutif de l'UA, Alpha Omar Konaré, dénonçait un «coup d'Etat militaire», le Quai d'Orsay se contentait d'appeler le nouveau pouvoir togolais au «respect de la Constitution». A Paris, on explique privilégier la diplomatie discrète. C'est l'ambassadeur de France à Lomé qui te