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Libération

Au Togo, «ce n'est pas la paix, c'est la peur»

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Sans grand succès, l'opposition tente de mobiliser la population contre le coup d'Etat du fils d'Eyadéma.
publié le 11 février 2005 à 0h30

Lomé envoyée spéciale

Baigné par l'océan bleu turquoise, sous un soleil radieux, Lomé ferait presque figure de paisible station balnéaire. Pourtant, le Togo est en plein bouleversement politique à la suite de la mort, samedi, du général-président Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir depuis 1967, et de la nomination par l'armée de l'un de ses fils, Faure Gnassingbé. Menacé de sanctions internationales, le nouveau chef de l'Etat togolais vient d'annoncer, sans donner plus de précisions, la tenue prochaine d'élections.

L'opposition tente de mobiliser la population contre ce coup de force constitutionnel. Mais, après deux jours de grève et de protestation «Togo, pays mort», l'activité a repris. Si des commerces restent fermés, c'est «par peur d'éventuels troubles», explique une commerçante du quartier de Bé, l'un des fiefs de l'opposition. Le grand marché de la capitale togolaise bruit d'activité : bassine ou sac de riz sur la tête, brouette aux poings, on se bouscule à grands cris autour des petits étals surchargés de piles, lessive, poissons fumés. Mais les questions politiques suscitent un malaise immédiat. Le silence se fait. Les marchands sourient d'un air entendu et jettent autour d'eux un regard suspicieux. Pas de commentaire. On craint les dénonciations, les visites surprises des militaires.

«Situation d'urgence». Le communiqué du ministère de l'Intérieur est clair : «Tout contrevenant à la sérénité du cours normal des activités (...) rencontrera une réaction énergique des forces