Bruno Tertrais, expert à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), travaille sur les questions nucléaires. Il vient de publier Quatre ans pour changer le monde, l'Amérique de George Bush, 2005-2008 (éditions Autrement).
Peut-on croire les autorités nord-coréennes quand elles disent posséder l'arme atomique ?
Personne aujourd'hui ne peut en avoir la certitude absolue, mais tout ce que nous savons sur le programme nucléaire de la Corée du Nord nous permet de dire que c'est une hypothèse raisonnable. Seul un essai nucléaire pourrait achever de nous convaincre que Pyongyang a la bombe, mais on peut parler de certitude à 90 %. Cette quasi-conviction se fonde sur un faisceau d'indices. Le pays dispose d'un programme avéré de retraitement du combustible irradié de ses centrales nucléaires, qui ne sont pas reliées au réseau électrique et ne servent donc pas à la production d'électricité. On sait avec certitude que le combustible est retraité pour en extraire le plutonium. En octobre 2002, le régime a avoué disposer d'un deuxième programme, secret celui-là, d'enrichissement de l'uranium. Enfin, des émissions de gaz signalant des processus de retraitement nucléaire ont été détectées. On peut donc raisonnablement estimer que la Corée du Nord a la capacité de fabriquer quelques bombes par an depuis le tournant du siècle. On ignore, en revanche, si elle est capable de mettre ces armes sur des missiles balistiques.
S'agit-il, comme l'affirme le ministre nord-coréen des Affaires étran