Dresde envoyée spéciale
C'est Katharina Brünnel, 69 ans, qui raconte : «A Dresde, on se sentait vraiment en sécurité. On ne voyait vraiment pas pourquoi les Alliés attaqueraient une ville de culture qui n'avait aucune signification militaire, ni industrie d'armement.» Il y a soixante ans, dans la nuit du 13 au 14 février 1945, des bombes ont réduit la «Florence de l'Elbe» à un amas de ruines, faisant 35 000 morts selon les derniers chiffres officiels. Hambourg, Cologne, Nuremberg... de nombreuses villes allemandes ont été la cible du bomber command britannique et de l'US Air Force. Mais, dans la conscience collective allemande, Dresde a toujours été perçu comme le symbole du martyre. Une sorte de «Hiroshima allemand».
Soixante ans après, les historiens allemands, mais aussi britanniques, continuent à se déchirer sur la question de savoir si la destruction de Dresde était nécessaire. Ces dernières années, le «mythe de la ville innocente» (lire ci-contre) a été renforcé par les ouvrages de Jörg Friedrich, décrivant par le menu les bombardements alliés sur les civils. Il y a un mois, la traduction en allemand du livre de l'historien britannique Frederick Taylor, expliquant en quoi la destruction de Dresde était certainement «inacceptable», mais correspondait à un but militaire «légitime», a suscité une nouvelle polémique. Depuis que le parti néonazi NPD a réussi, le 19 septembre dernier, à entrer au Parlement de Saxe avec 9,2 % des voix et qu'il a comparé le bombardement de Dresd