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Libération

Les militaires togolais ouvrent le feu sur l'opposition

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Les incidents auraient fait quatre victimes. Manifestation hier à Paris.
publié le 14 février 2005 à 0h34

Lomé envoyée spéciale

Sous un manguier, dans une cour du quartier de Bè, la mère d'Alofa Koimivi, assise par terre, hébétée, se frappe la poitrine en gémissant. Le corps de son fils de 18 ans repose sans vie à l'abri d'une bâche, une balle en pleine poitrine. Le père reste sans voix, il n'a pas de quoi payer les funérailles.

Samedi, tôt dans la matinée, le fief de l'opposition s'est embrasé. Des milliers de manifestants répondant à l'appel des partis hostiles à la prise de pouvoir inconstitutionnelle de Faure Gnassingbé, le fils du général Eyadéma, décédé le 5 février, ont dressé des barricades et enflammé des pneus. Les forces de sécurité ont encerclé la zone, entamant dans chaque rue un pas de deux avec les manifestants armés de pierres.

Bérets. Au fil des heures, le dispositif de sécurité se renforce : bérets rouges du régiment parachutiste togolais et bérets verts de la garde présidentielle font leur apparition, en même temps que les Jeep armées de mitrailleuses lourdes. L'intimidation reste l'arme principale face à une population que trente-huit ans de régime militaire ont rendue prudente. Armés de bâtons, les gendarmes se contentent souvent de faire reculer les manifestants, bastonnant sévèrement ceux qu'ils interpellent. Mais, à Bè Kpota, les forces de l'ordre ouvrent le feu : officiellement, il s'agit d'un cas de légitime défense, deux gendarmes sont grièvement blessés, rapporte le communiqué du gouvernement qui fait état de deux morts parmi les manifestants. L'oppositi