Populaire et modéré, Ibrahim al-Jaafari, 58 ans, est pressenti pour prendre la tête du prochain gouvernement d'Irak. Cet ancien opposant au régime de Saddam Hussein devrait être le candidat des chiites au poste très convoité de Premier ministre. Il figurait en deuxième position sur la liste de l'Alliance unifiée irakienne, sortie victorieuse du scrutin. Cette coalition hétéroclite dont il dirige l'un des partis, al-Dawa al-Islamiya, détient la majorité absolue au Parlement, avec 140 sièges sur 275. Elle ne dispose pas cependant des deux tiers des voix requis pour désigner les membres de l'exécutif et devra donc composer, notamment avec les Kurdes qui lorgnent la présidence.
Attentats. Ibrahim al-Jaafari, qui jouit d'une réelle popularité selon plusieurs sondages, a passé vingt-trois ans en exil. Originaire de Kerbela, une ville sainte du chiisme, il a rejoint à 17 ans le Dawa, le plus ancien parti islamique irakien. En 1980, ce médecin échappe de peu à la répression féroce qui s'abat sur son parti. Il fuit d'abord à Damas, puis à Téhéran, d'où il organise la lutte contre Saddam. Le Dawa, qui dispose d'un vaste réseau clandestin en Irak, perpètre plusieurs attentats contre le régime bassiste.
Mais, assez vite, ses relations avec les mollahs iraniens se tendent. «Il n'a jamais adhéré au velayat e-faqih», la théorie du pouvoir aux religieux chère à l'imam Khomeiny, affirme l'un de ses proches. Son parti scissionne en quatre tendances. Lui-même doit se réfugier en 1989 à Londres,