Professeur émérite de droit à l'université de Nanterre, Géraud de la Pradelle a participé, en mars 2004, aux travaux d'une Commission d'enquête citoyenne sur l'implication supposée de la France dans le génocide au Rwanda, en 1994. Auteur de Imprescriptible (Les Arènes), il explique les raisons de son soutien au dépôt de plaintes visant des militaires français.
Votre démarche n'est-elle pas plus politique que juridique ?
Elle est essentiellement politique. Nous visons deux objectifs avec le dépôt de ces plaintes. D'abord, informer l'opinion publique. Si le citoyen ne sait rien de l'implication de la France dans les événements au Rwanda, c'est parce qu'il ne veut pas savoir : ce n'est pas une attitude responsable. Deuxième objectif, plus immédiat : forcer nos dirigeants de droite comme de gauche à sortir du bois. Or, si l'on reste sur le terrain de la dénonciation, tout le monde s'en fout.
Est-ce cohérent de viser les militaires qui ont exécuté les ordres des politiques au Rwanda ? Vous ne pouvez atteindre le sommet de la hiérarchie politique qu'en utilisant ce type d'escalier. Avoir la peau d'un sergent, cela n'a aucun intérêt en soi. S'il a commis des crimes, c'est que parce que des civils ont utilisé ses aptitudes et lui ont donné des ordres. Il s'agit de crimes organisés, des crimes d'Etat...
La notion qui sous-tend les plaintes déposées est celle de «complicité de génocide». Pouvez-vous l'expliciter ?
La République française n'a pas décidé de «génocider» les Tutsis. Elle e