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Libération

Monsieur Propre jette l'éponge au Kenya

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Chargé de la lutte contre la corruption, John Githongo a annoncé sa démission.
publié le 17 février 2005 à 0h36

Nairobi de notre correspondant

C'est une onde de choc dont le gouvernement kenyan risque de se remettre difficilement. John Githongo, le Monsieur anticorruption du pays, a annoncé il y a dix jours sa démission depuis Londres, en expliquant qu'il n'était «plus en mesure de continuer à servir le gouvernement». Depuis, politiques, diplomates et opinion publique s'étripent sur les raisons et les conséquences de son départ.

Malgré des purges parmi les juges et dans la police, et la réouverture d'une enquête sur l'affaire Goldenberg, le plus gros scandale financier du pays, les Kenyans ne croient plus aux promesses électorales du président Mwai Kibaki, élu voilà deux ans avec un programme anticorruption séduisant. Notamment pour la moitié des Kenyans, qui vivent avec moins d'un dollar par jour. En 2003, le Kenya continuait de se traîner en queue de peloton : 122e sur 133 pays. Mwai Kibaki avait créé un poste de «secrétaire permanent à l'éthique» sur mesure pour Githongo, lequel s'est rendu célèbre en dénonçant les crimes financiers du précédent régime, quand il était patron de la branche kenyane de Transparency International, organisation spécialisée dans la lutte anticorruption.

La presse locale, pourtant pas exempte elle-même de reproches en matière de corruption, se déchaîne : «C'est un désastre personnel pour le Président, pour le gouvernement et tout le pays», estime le quotidien indépendant Standard. Plusieurs ambassades occidentales accusent les autorités de participer à un pi