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Libération

Rwanda: la France au banc des accusés

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Six plaintes pour complicité de génocide, visant des soldats de Turquoise, déposées à Paris.
publié le 17 février 2005 à 0h36

Près de onze ans plus tard, voici venu le temps de la justice. A 10 heures hier, Me William Bourdon et Antoine Conte ont déposé six plaintes au tribunal des armées, dans le XIIe arrondissement de Paris. Six plaintes contre X visant des militaires français accusés de complicité de génocide et de complicité de crimes contre l'humanité, au Rwanda en 1994, où quelque 800 000 Tutsis et opposants hutus ont été massacrés. Les faits incriminés se sont tous déroulés durant l'opération Turquoise, une expédition militaro-humanitaire menée par la France et approuvée par le Conseil de sécurité. Elle visait à créer une zone humanitaire sûre afin de sauver les victimes du génocide en cours. Quelques milliers de rescapés tutsis ont été effectivement sauvés. Mais surtout, l'intervention française a permis à l'armée et au gouvernement rwandais, ainsi qu'à des centaines de milliers de génocidaires, de fuir l'avancée du Front patriotique rwandais (FPR) vers le Zaïre voisin.

Parties civiles. En dehors de cet aspect politique contestable, ces six plaintes, déposées par des citoyens rwandais rescapés du génocide avec constitution de parties civiles, relèvent des faits graves et précis. Les avocats fondent l'essentiel de leur argumentation sur la loi du 22 mai 1996 qui intègre la résolution créant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) au droit français.

Trois plaintes font référence à ce qui s'est passé à Bisesero, haut lieu de la résistance tutsie. Cet épisode est connu et documenté,