Beyrouth envoyé spécial
La mobilisation de la rue contre la rue. La rue chiite contre la rue chrétienne, sunnite et druze. C'est l'avertissement adressé implicitement samedi à l'opposition antisyrienne par cheikh Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah (proche de Damas), à l'issue d'une démonstration de force dans son fief du sud de Beyrouth. Même si la manifestation, qui a réuni des dizaines de milliers de fidèles, s'est déroulée à l'occasion de la célébration de l'Achoura, principale fête religieuse chiite, elle a été ressentie comme une mise en garde par cette opposition. «Aujourd'hui, nous sommes responsables d'une nation qui sort d'une guerre civile et nous affrontons des problèmes graves. A Dieu ne plaise, si le toit s'effondre, il s'effondrera sur chacun de nous», a notamment lancé le chef du «parti de Dieu», confronté à la montée en puissance des forces hostiles à Damas depuis l'assassinat de Rafic Hariri.
Cette menace d'une reprise de la guerre civile, une idée qui hante nombre de Libanais, intervient alors que les étudiants de Beyrouth ont appelé à une grande manifestation contre la Syrie aujourd'hui. Elle partira du «lieu du crime», l'endroit de l'attentat qui a fait 15 tués et plus de 100 blessés. Cette manifestation coïncidera avec la commémoration rituelle de la première semaine de deuil de Hariri et avec la rencontre Bush-Chirac à Bruxelles. Le président français est d'ailleurs très critiqué par le camp prosyrien. «Chirac dirige directement la bataille (de l'oppos