Mesuré, jusque dans la victoire. Alors qu'autour de lui applaudissements et klaxons célébraient, dimanche soir, la victoire sans précédent de la gauche, qui aura une majorité absolue au Parlement portugais, José Socrates Pinto de Sousa disait d'un air grave : «Je veux former un bon gouvernement avec des gens crédibles.»
Programme. Les Portugais voulaient du changement, ils en ont. En lieu et place de l'ex-Premier ministre de centre droit, Pedro Santana Lopes, élégance ostensible et séduction populiste, ils auront pour les quatre années à venir l'ingénieur Socrates, un homme du Nord, réservé et obstiné quand il s'engage dans un combat. Du droit des consommateurs à recevoir des factures téléphoniques détaillées à l'incinération des déchets industriels, il prend les choses à coeur, n'hésite pas à se faire des ennemis, y compris dans son camp. Cette fois, le challenge est d'une autre envergure : moderniser le Portugal par l'investissement et un «choc technologique», réduire les dépenses publiques en diminuant le nombre des fonctionnaires. Son programme, rédigé par l'ancien commissaire européen aux Affaires intérieures, Antonio Vitorino, est plus proche de l'orthodoxie prônée à Bruxelles que d'un manifeste socialiste. En cela, José Socrates est en phase avec un parti dont il a été élu secrétaire général en septembre contre deux candidats plus à gauche.
A 47 ans, c'est un professionnel de la politique : éphémère adhérent des jeunesses sociales démocrates (centre droit), il entre au