Bichkek envoyée spéciale
«Chers électeurs, bonjour. D'abord je vais me présenter, puis je vais vous présenter mon programme.» La fille du Président vient enfin de surgir dans le café de Bichkek où une centaine d'électeurs l'attendent depuis une heure. Veste à carreaux, longs cheveux lisses et voix douce : Bermet Akaïeva, 33 ans, fille du chef de l'Etat kirghize Askar Akaïev, au pouvoir depuis 1990, est le dernier atout d'une dynastie qui, aux législatives de ce dimanche, va tenter de prolonger son règne. Elle et son frère sont candidats à ces élections, de même que d'autres parents et proches de la famille qui, depuis quinze ans, a mis en coupe réglée cette ancienne République soviétique d'Asie centrale.
Excédés par les frasques de la famille Akaïev, de nombreux Kirghiz semblent aujourd'hui prêts à renverser le régime comme l'ont fait les Géorgiens en 2003 et les Ukrainiens en 2004. Des manifestations ont déjà rassemblé quelques milliers de personnes dans plusieurs villes du pays pour protester contre le retrait forcé de candidats à quelques jours des élections.
Comme en Géorgie et en Ukraine, l'opposition, qui a reçu une grosse aide financière et technique américaine, semble mûre pour une révolution : si ce n'est dès le lendemain des législatives, ce pourrait être lors de l'élection présidentielle d'octobre, lorsque Askar Akaïev arrivera au terme de son troisième mandat. Pour les Etats-Unis, une révolution «démocratique» serait un exemple particulièrement bienvenu de ralliemen