Berlin de notre correspondante
C'est la chute. Depuis trois ans largement en tête des dix personnalités politiques préférées des Allemands, le ministre vert des Affaires étrangères, Joschka Fischer, vient d'être rétrogradé en deuxième position loin derrière le chrétien-démocrate Christian Wulff, qui n'a fait sa première apparition dans le célèbre baromètre politique de la chaîne publique ZDF qu'en janvier. Les Grünen n'auraient jamais pensé que leur chef charismatique puisse trébucher ainsi sur une sordide affaire de visas (Libération du 15 février).
Formalités. Joschka Fischer est accusé d'avoir facilité involontairement l'entrée dans l'espace Schengen de travailleurs au noir, mais aussi de criminels et de femmes livrées à la prostitution forcée. En 2001, l'ambassade d'Allemagne à Kiev a en effet dû délivrer 298 000 visas à de soi-disant touristes ukrainiens, soit deux fois plus qu'en 1998. Cet accroissement avait été rendu possible grâce à la mise en oeuvre, en mars 2000, d'une nouvelle circulaire assouplissant les formalités de délivrance de visas. Il suffisait de passer par une agence de voyages qui fournissait réservation d'hôtel ou invitation d'amis pour obtenir en deux minutes le sésame. Incapable de vérifier sérieusement les dossiers, l'ambassade de Kiev a tiré la sonnette d'alarme, réclamant plus de personnel. En vain. «Ils auraient dû faire grève», a estimé jeudi, au détour d'une interview, le député européen Daniel Cohn-Bendit, demandant à Joschka Fischer, mais auss