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Libération

Egypte: Moubarak fait sa petite révolution

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Le chef de l'Etat annonce la première élection présidentielle multipartite au suffrage universel direct.
publié le 28 février 2005 à 0h45

Le Caire de notre correspondante

C'est un coup de maître, qui rapporte beaucoup sans coûter grand-chose. Hosni Moubarak a créé la surprise, samedi, en demandant au Parlement égyptien de réviser la Constitution avant le mois de mai, afin de permettre la tenue d'une élection présidentielle multipartite au suffrage universel direct en septembre prochain, au lieu du traditionnel référendum-plébiscite. Un geste unanimement qualifié d'«historique» par l'ensemble de la classe politique, la presse et les analystes.

Jusqu'alors, le Président était élu par référendum autour d'un candidat unique, proposé par le Parlement. Hosni Moubarak, dont le Parti national démocratique détient plus de 80 % des sièges à l'Assemblée du peuple, a ainsi déjà cumulé quatre mandats de six ans. Lui qui a toujours été seul candidat à sa succession ­ et chaque fois réélu avec plus de 90 % des voix ­ vient donc d'accorder à l'opposition ce qu'elle réclame depuis toujours.

Pressions. Cette décision est certes à mettre au crédit des nombreuses pressions qui pèsent actuellement sur le raïs égyptien, âgé de 76 ans. Pressions internes, tout d'abord. Depuis plusieurs mois, la contestation politique a pris une ampleur importante, encouragée par les appels américains à la démocratisation du Proche-Orient. Symbole de cette contestation, le mouvement Kifaya !, littéralement «Assez !», et ses slogans chocs, «Moubarak, despote !» ou «Non à l'héritage du pouvoir», brandis lors de manifestations de plus en plus fréquentes. C