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Libération

Les Kirghizes votent sous bonne garde

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Pressions et fraudes se sont multipliées hier lors des législatives pour assurer la victoire du clan du Président.
publié le 28 février 2005 à 0h45

Bichkek envoyée spéciale

Etudiants emmenés par groupes aux bureaux de vote, contrôle des électeurs sur le chemin des bureaux, distribution de vodka pour se mettre le coeur à voter, passeports confisqués... : observateurs et opposants ont pu constater hier, tout au long de la journée, qu'une fois de plus tout un arsenal de pressions et de fraudes a été mis en oeuvre au Kirghizistan pour assurer la victoire des candidats du pouvoir.

Au centre de la capitale Bichkek, où se présentait Bermet Akaïeva, la fille du président Askar Akaïev, au pouvoir depuis 1990, les étudiants étaient emmenés, heure après heure, de leurs foyers jusqu'aux bureaux de vote. «Ils nous forcent, et beaucoup d'étudiants ont peur de perdre leur place en foyer ou d'être sanctionnés, alors nous allons voter», chuchotait hier un étudiant en troisième année d'anglais. «Les agitateurs de Bermet Akaïeva ont aussi promis de nous apporter des pommes de terre après les élections», confiait une autre étudiante, rappelant que, dans un pays aussi pauvre, acheter des votes ne coûte pas cher. Au foyer numéro 4 du centre de Bichkek, la campagne électorale aura au moins valu un téléviseur et huit fours livrés par ces mêmes agitateurs.

Sans enveloppes. Arrivés aux bureaux de vote, les électeurs ainsi mis sous pression devaient glisser leur bulletin sans enveloppe dans des urnes transparentes, de sorte que, très souvent, les nombreux observateurs et assesseurs présents dans les bureaux pouvaient voir pour qui ils avaient voté.