Bogota de notre correspondant
Les habitants du village de San José ont enterré hier leurs huit morts, massacrés, selon les témoignages, par l¹armée colombienne la semaine dernière. Une nouvelle fois, la petite communauté paysanne, aux hameaux éparpillés dans le piémont andin du nord-ouest de la Colombie, a été victime d¹une guerre à laquelle elle refuse de participer depuis qu¹elle s¹est déclarée «communauté de paix» en 1997.
Parmi les victimes aux corps mutilés, l¹un des principaux porte-parole du mouvement, Luis Eduardo Guerra, dont l¹éloquence avait fait connaître la résistance pacifique de San José jusqu¹en Europe, mais aussi trois enfants dont le plus jeune n¹avait pas encore 2 ans.
Depuis le milieu des années 1990, les villageois sont pris en étau : dans la vallée, l¹armée et les paramilitaires d¹extrême droite ; dans les montagnes, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), d¹extrême gauche.
Lassés des tueries, les habitants ont déclaré leur territoire «interdit» à tout homme armé, légal ou irrégulier. Mais rien n¹y a fait : malgré la protection demandée par la Cour interaméricaine des droits de l¹homme, «154 de nos membres ont été assassinés depuis 1997», comptabilisait hier un villageois. Certains sont tombés sous les balles des Farc, la plupart sous celles des paramilitaires et parfois de l¹armée.
Ce serait le cas de Guerra et des siens : tous les témoignages accusent aujourd¹hui les soldats, en opération dans le secteur. «Ils se sont vantés devant d¹autres