Bangkok de notre correspondant
Rarement un condamné aura eu l'air aussi satisfait. Après avoir entendu l'énoncé du verdict lui infligeant une peine de trente mois de prison, Abou Bakar Bashir, considéré par les Etats-Unis et l'Australie comme le leader spirituel du groupe terroriste Jemaah Islamiya, s'est levé et, tout sourires, a serré cordialement la main des cinq juges. Cela n'a toutefois pas empêché ce frêle prédicateur à la barbiche blanche de dénoncer ensuite la peine comme «une tyrannie». La Jemaah Islamiya, une organisation indonésienne proche d'Al-Qaeda, avait organisé l'attentat contre deux discothèques de Bali, en octobre 2002, qui avait fait 202 morts, dont 88 Australiens. Plusieurs des participants à l'opération, actuellement emprisonnés, sont d'anciens étudiants de l'école coranique Al-Mukmin, fondée par Bashir à Solo, au centre de Java. Bashir a toujours nié l'existence de la Jemaah Islamiya, création, selon lui, de la «propagande américaine».
Le gouvernement australien a immédiatement fait part de sa surprise devant la légèreté de la peine. «C'est satisfaisant de savoir qu'il a été condamné, mais décevant que la peine soit seulement de deux ans et demi. Nous avons toujours pensé qu'Abou Bakar Bashir était au courant de l'attentat de Bali et qu'en tant que leader spirituel de la Jemaah Islamiya il aurait pu stopper l'opération. Il a choisi de ne pas le faire», a déclaré le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer.
«Conspiration malfaisante».