Iouri Kravtchenko, retrouvé mort vendredi à l'aube un revolver à la main, une blessure à la tempe, s'est-il suicidé dans sa datcha près de Kiev ? Ou l'ancien ministre ukrainien de l'Intérieur, témoin clé dans l'affaire Gongadze, a-t-il été supprimé car il en savait trop ? Les services de sécurité retenaient vendredi la première hypothèse. Mais aucune ne peut être écartée : Kravtchenko était convoqué ce matin-là au parquet dans le cadre de l'enquête sur le meurtre du journaliste d'opposition Georgi Gongadze. Or il aurait pu faire des révélations capitales. Selon des sources au sein des forces de l'ordre, il aurait laissé une lettre attribuant son suicide à «Koutchma et à son entourage».
Protestations. En novembre 2000, le corps décapité et mutilé de Gongadze, 31 ans, rédacteur en chef d'un site Internet, avait été retrouvé dans un bois. Très vite le nom du président Léonid Koutchma se trouve mêlé à l'affaire. Sur une cassette audio enregistrée par l'un de ses gardes, réfugié depuis aux Etats-Unis, une voix, identifiée comme la sienne, intime que l'on se débarrasse du journaliste. L'opposition réclame alors son départ. Pendant des semaines, des manifestants protestent, certains campent dans les rues. Mais Koutchma, habile à exploiter les faiblesses de ses adversaires, réussit à rétablir la situation.
Son successeur, Victor Iouchtchenko, avait promis de faire la lumière. Moins de deux mois après son investiture, il a affirmé mardi que l'affaire était «élucidée», accusant le pouvo