Menu
Libération

Moldavie, terre de misère et d'exil

Article réservé aux abonnés
Préoccupés par la survie au quotidien, les Moldaves ne croient pas au changement par les urnes.
publié le 7 mars 2005 à 0h51

Chisinau envoyée spéciale

Survivre, subsister, joindre les deux bouts sont les expressions les plus fréquentes qu'utilisent les habitants de la Moldavie, le pays le plus pauvre d'Europe ­ qui votait dimanche pour élire son Parlement ­, pour décrire leurs conditions de vie. Dans l'appartement des Beregovoï, un trois pièces de banlieue décoré à la soviétique avec canapé et tapis à fleurs, napperons de dentelle et bibelots en faïence, la jeune fille de la maison, Rodica, 14 ans, se met à rêver : «Quand je serai grande, je créerai ma propre entreprise à l'étranger, tout en vivant dans mon pays. J'aurai des bureaux pleins d'ordinateurs.» La grande jeune fille toute simple dans son survêtement rouge apprend déjà le français et l'anglais, elle comprend un peu l'espagnol et veut donc étudier les langues. Une fois diplômée, dit-elle, elle ouvrira un bureau de traduction. Mais est-ce bien le destin qui l'attend ?

Son frère, l'aîné de trois enfants, a dû abandonner l'école l'an dernier, à 20 ans, pour rejoindre ses parents, immigrés depuis sept ans au Portugal, et prendre un travail de manutentionnaire. Maçon à Chisinau, le père continue cette profession au Portugal, où, arrivé comme touriste, il a attendu deux ans pour obtenir des papiers. La mère, qui était institutrice en Moldavie, fait aujourd'hui des ménages au Portugal. Rodica et son frère Radu, 17 ans, sont restés sous la garde de leur tante célibataire, Eugenia, 46 ans, une typographe au chômage depuis plus de cinq ans, qui soign