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Libération

L'oubli pour les irradiés de Tchernobyl

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Une réforme accentue le dénuement de ceux qui avaient participé au nettoyage du site.
publié le 8 mars 2005 à 0h52

Moscou de notre correspondante

«Lui est mort il y a deux ans, lui vient juste de mourir, lui a eu une hémorragie cérébrale...» Dans le petit local de l'Union des Tchernobyl de Moscou, entre malades et cafards qui trottent sur les murs, l'ambiance est un peu plus morbide de mois en mois. Viatcheslav Kitaïev, président de l'association moscovite des «liquidateurs» de Tchernobyl, envoyés nettoyer les abords de la centrale nucléaire après l'explosion le 26 avril 1986 du réacteur numéro 4, montre les photos de ses amis, décédés dernièrement. Au total, quelque 600 000 «héros» de l'Union soviétique, soldats et civils, furent envoyés à Tchernobyl dans les mois et les années qui suivirent l'explosion du réacteur. La moitié d'entre eux seraient aujourd'hui gravement malades ou déjà morts, selon les estimations de l'Union russe des liquidateurs. «Et la moitié de ceux qui sont encore vivants sont aujourd'hui en procès pour toucher les indemnités qui leur sont dues ! Ça vous paraît normal ?» s'insurge Viatcheslav Kitaïev. Autour de lui, une rangée d'hommes, visage rouge et mains tremblantes, murmurent : «On nous a volé notre vie (...). Et maintenant, on nous cambriole.»

Une récente «réforme des avantages sociaux» entrée en vigueur en Russie le 1er janvier vient de priver les liquidateurs de Tchernobyl de toute une série d'avantages en nature (réduction de charges communales et de frais de transport, séjours annuels en sanatorium...). Quelques dizaines d'anciens liquidateurs, souvent déjà g