Beyrouth envoyé spécial
Le Hezbollah et les autres partis libanais prosyriens ont repris la rue à l'opposition. Si ces dernières semaines, celle-ci avait noyé le coeur de Beyrouth avec d'immenses manifestations, le «parti de Dieu» l'a submergé hier par un raz de marée humain qui a sonné les adversaires de Damas. Ensemble, la rue chrétienne, druze et sunnite n'a jamais atteint l'ampleur de la rue chiite qui, pour sa première démonstration de force dans le centre-ville, a réuni plusieurs centaines de milliers de personnes. Les observateurs s'attendaient à une marée noire, celle des femmes voilées des quartiers sud qui sont de tous les défilés. Ils l'imaginaient aussi frangée de jaune, la couleur de la bannière du Hezbollah. Surprise, la déferlante humaine était très colorée. Noire, oui, mais aussi rouge et blanc, les couleurs nationales. Car, pour la première fois encore, le Hezbollah avait abandonné son étendard, frappé de la célèbre kalachnikov pour défiler sous le drapeau libanais, reprenant aussi cet emblème à l'opposition. Amal, le second grand parti chiite, tout aussi proche de Damas, avait lui aussi renoncé à sa couleur, le vert.
Femmes en noir. En fait, c'est toute une humanité qui a conquis, un après-midi durant, la place Riad al-Sohl, à 300 mètres de la place des Martyrs, tenue depuis trois semaines par l'opposition. On y retrouve mélangés les gros bataillons des femmes en noir, le prolétariat misérable des quartiers sud, des paysans de la Bekaa un peu ahuris d'occuper