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Libération

Implantations illégales: l'Etat coupable

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Un rapport israélien dénonce la politique du «fait accompli» et la complicité des institutions.
publié le 10 mars 2005 à 0h54

Jérusalem de notre correspondant

Politique du «fait accompli». «Violation continue et brutale de règles et institutions publiques, effectuées par ces institutions elles-mêmes, ce qui ébranle l'existence même de la loi.» L'avocate Talia Sasson a écrit ces lignes sans ambiguïté dans un rapport de 300 pages sur «les implantations illégales» créées à la périphérie de colonies en Cisjordanie.

Dans son rapport, commandé par le Premier ministre Ariel Sharon, Talia Sasson compte 105 de ces implantations... dont certaines ont été établies sous le mandat de Sharon. Encore ce chiffre demeure-t-il incomplet, et la juriste confiait avoir eu «du mal à obtenir tous les détails» et qu'une partie «de l'image d'ensemble [lui] manque». Entre autres, la subvention avancée par le ministère de l'Habitat de 71 millions de shekels (près de 13 millions d'euros) ne refléterait pas la réalité des subsides déversés sur ces «avant-postes». De même, 54 de ces implantations ont, elles, été érigées sur des terres n'appartenant pas à l'Etat mais à des Palestiniens, ou possèdent un statut foncier indéterminé.

C'est tout un système de complicité tacite que ce rapport dénonce. Et de hauts responsables qu'il accuse, dont deux ex-ministres de l'Habitat, Effi Etam et Nathan Charansky, ainsi que des responsables du ministère de la Défense et de l'Agence juive, organisme non gouvernemental. En oubliant au passage l'un des principaux acteurs : Ariel Sharon, qui a longtemps incité les colons à se saisir de la ligne des