Tripoli envoyé spécial
Pour la distinguer de la capitale libyenne, on l'appelle Tripoli de Damas. Et non Tripoli du Liban. C'est dire si, dans l'esprit des Libanais, la grande ville sunnite du Nord est plus syrienne que libanaise. Ici, l'armée et les services secrets syriens se sentent chez eux. La ville a peu à voir avec la Montagne libanaise, à partir de laquelle s'est créé le Liban, auquel elle ne s'est intégrée que tardivement. Cette proximité, historique et sociologique avec l'aire syrienne, Bassam, 38 ans, boulanger dans le grand souk, n'en a cure. Pour lui, «l'occupation syrienne» est un tourment : «Trente ans, ça suffit. Trente ans que les Syriens s'ingèrent dans nos affaires. Comme ils se mêlent de tout, il arrive un moment où on ne peut plus les supporter. Au départ, les sunnites sympathisaient avec eux. C'est fini. L'assassinat de Rafic Hariri a été la goutte qui a fait déborder le vase.» Que leur reproche-t-il ? «Chaque mardi, les hommes des moukhabarats (services secrets syriens) viennent me voler 20 sacs de pains pour leurs officiers. Ça fait vingt ans que ça dure. Impossible de protester sinon les problèmes arrivent», répond-il.
Tripoli fut l'une des cités phares du nationalisme arabe et l'un de ses berceaux. Elle fut antifrançaise lors du «Mandat» ; nassérienne en 1958, favorable à une grande patrie arabe qui engloberait l'Egypte, la Syrie et le Liban. Elle fut ensuite propalestinienne et martyrisée par Damas quand Yasser Arafat fit alliance avec un parti islam