Goré (sud du Tchad) envoyée spéciale
Une femme peule remue doucement une cuillère en bois dans la marmite fumante. La farine de mil s'imprègne de l'eau bouillie et commence à former une pâte grisâtre. C'est la maigre pitance dont devra se contenter ce groupe d'éleveurs. Ils se sont installés début décembre devant le camp de réfugiés d'Amboko, au sud du Tchad, à sept kilomètres de la frontière centrafricaine. Et réclament le statut de réfugiés. «Des hommes en armes se sont attaqués à notre ethnie, raconte une femme. Ils ont pris en otage des membres de notre famille. Nous avons dû vendre tout notre troupeau pour payer la rançon.»
Bandes armées. A l'approche des élections en Centrafrique, une recrudescence de la violence et des activités de bandes armées a entraîné un afflux inhabituel de réfugiés vers le sud du Tchad. Après le 15 mars 2003, lorsque le général Bozizé a renversé Ange-Félix Patassé, deux camps ont accueilli plus de 30 000 réfugiés centrafricains qui ont fui l'avancée des rebelles appuyés par les troupes du président tchadien, Idriss Déby. Un soutien qui, depuis quelques mois, s'est effrité, malgré les gages de coopération échangés lors d'une rencontre entre les deux chefs d'Etat au sommet de la francophonie, fin novembre.
«Dans cette zone, les coupeurs de route ont toujours existé, mais ils agissent de plus en plus fréquemment, estime le colonel Ahmat Ousmane Gadaya, préfet de Goré, village voisin du camp. La plupart sont d'anciens hommes de Bozizé, des "libérateur