Depuis sa «disparition» en 1996, ses partisans faisaient courir le bruit qu'il était mort. Mais à 83 ans l'ancien nazi Paul Schaefer, un des hommes les plus recherchés d'Amérique latine, a finalement été rattrapé par la police, jeudi soir, en Argentine. Fin de parcours d'un sinistre personnage, gourou ultra-autoritaire, condamné pour pédophilie, recherché pour tortures. Paul Schaefer avait fondé au Chili, il y a quarante ans, la colonie Dignidad: 13 000 hectares aux pieds des Andes où vivaient en quasi autarcie les quelque 300 membres de sa secte, venus, comme lui, d'Allemagne. Complice de Pinochet, bénéficiant longtemps de puissantes protections, Schaefer ne commencera à être inquiété par la justice chilienne que dans les années 90. Pourtant, dès 1966, Wolfgang Muller, un jeune membre de la secte qui s'enfuit, racontait déjà les viols dont il avait été victime, avec d'autres : «Pour les colons, Schaefer est le dictateur. [...] Chaque jour un enfant est "de service", ce qui inclut de dormir avec lui...»
«Appétits sexuels». L'ancien nazi, brancardier de l'armée allemande durant la guerre, est un récidiviste : en 1961, il a fui l'Allemagne où il avait déjà fondé une communauté, en tant qu'«envoyé de Dieu» pour échapper à des mandats d'arrêt pour viols sur mineurs. Ses adeptes l'accompagnent au Chili, où il fonde, sans être inquiété, la société Dignité de bienfaisance et d'éducation, sa «colonie», groupe replié sur lui-même, dans une ambiance religieuse. Persuadés d'échapper