Pékin de notre correspondant
Il peut sembler paradoxal de signaler que des communistes font dans le social. S'agissant des dirigeants communistes chinois, ça l'est moins : depuis bientôt deux décennies, ils ont développé sous l'expression d'«économie socialiste de marché» une forme de capitalisme sauvage ayant peu d'équivalents dans le monde, surtout à l'échelle de la Chine.
Depuis l'arrivée au pouvoir il y a deux ans du nouveau tandem composé du président Hu Jintao et du Premier ministre Wen Jiabao, le social est revenu à l'ordre du jour : d'abord symboliquement, et désormais de manière plus concrète, comme vient de le montrer la session de l'Assemblée nationale populaire (ANP), le Parlement chinois, qui s'est achevée hier. Il ne s'agit certes pas d'un coup de barre à gauche, comme l'histoire de la Chine révolutionnaire a pu en connaître, mais plutôt d'une gestion habile des risques politiques tout en gardant le cap de la libéralisation économique.
Concept falot. Dans un pays qui fonctionne encore à coups de slogans, celui du moment, qui figure dans tous les éditoriaux et de nombreux discours, est l'«harmonie sociale» ; un concept à première vue falot, mais qui puise dans les racines de la culture chinoise traditionnelle pour répondre aux préoccupations de l'heure. L'harmonie sociale est censée prémunir le Parti communiste chinois (PCC) face au risque de voir le fossé qui s'est creusé entre riches et pauvres, entre villes et campagne, entre la côte et l'intérieur dégénérer