Beyrouth envoyé spécial
Dans ce quartier chic du bord de mer à Beyrouth, l'immeuble a l'anonymat qui sied à ceux qui font carrière dans les basses oeuvres. Onze étages. Sept pour des familles libanaises sans histoire dans la partie supérieure du bâtiment. Cinq pour les moukhabarat (services secrets) syriens. Plus l'immense cave transformée en centre de détention clandestin. Une quinzaine de cellules de béton, sans aucune ouverture, et quelques pièces beaucoup plus vastes, également sans le moindre soupirail. L'immeuble est connu de tous les Beyrouthins sous un seul nom, celui de... Beau Rivage.
Prison secrète. Hier, en fin de matinée, les moukhabarat ont quitté l'endroit qu'ils occupaient depuis la fin des années 80 à bord de 4 x 4. La veille, ils avaient passé la journée à déménager, à empiler sur des camions matériel et dossiers. Derrière eux, ils n'ont rien laissé, n'oubliant qu'un tournevis. Dans la prison secrète, ils ont même emporté les portes métalliques des cellules et les siphons des toilettes. Ils sont partis sans même prévenir l'armée libanaise qui ne s'est déployée qu'une petite demi-heure plus tard et a, aussitôt, interdit l'accès du lieu. Une impression de débandade, confirmée par l'irruption d'un «collaborateur» libanais armé, surgi d'un immeuble proche, qui, ne sachant pas que ses amis syriens avaient levé le camp, s'est mis à injurier la petite foule qui commençait à se former. Un Libanais s'est aussitôt jeté sur lui pour le frapper. Les soldats libanais se s