Zagreb envoyée spéciale
Jusqu'au bout les Croates auront voulu y croire. Mardi, le Premier ministre Ivo Sanader débarquait ainsi à l'improviste à Bruxelles pour mobiliser ses alliés conservateurs. Néanmoins les ultimes tentatives de Zagreb pour prouver sa bonne foi, c'est-à-dire sa volonté de coopérer avec le TPI (Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie) mais son incapacité à remettre le chef de guerre Ante Gotovina volatilisé dans la nature, ont été vaines. Zagreb a réalisé trop tard l'enjeu que représentait ce général.
Image. Le président croate Stipe Mesic, recevant la semaine dernière des journalistes du club Grande Europe, tentait déjà de dédramatiser : «A quoi bon s'inquiéter si ce sera le 17 ou le 27 mars ? Cette date n'est pas si importante. L'essentiel est qu'il y aura bien des négociations.» Il reconnaissait pourtant que son pays avait été «un peu lent à réagir» après l'émission par le TPI, en juin 2001, du mandat d'arrêt contre Gotovina, soulignant que les Croates avaient du mal à reconnaître que «des crimes ont été commis aussi de leur côté».
Pour Zagreb, ce report est un coup dur. D'abord pour son image. Le pays commençait à tourner la page de la guerre (1991-1995) et à retrouver sa place au sein des nations civilisées. Le gouvernement risque en outre de payer cet échec aux municipales du 15 mai. Toute la classe politique, proeuropéenne, redoute une remontée de l'extrême droite, qui est aujourd'hui très affaiblie. «L'euroscepticisme est en pleine ascensi