Islamabad correspondance
Les larmes de Mukhtaran, habitante d'un village perdu au fin fond de la province du Pendjab, font la une des journaux pakistanais. Victime d'un viol collectif il y a trois ans, Mukhtaran a vu, impuissante, ses agresseurs être relaxés récemment sur décision de la haute cour de justice de Lahore. Elle a lancé hier un appel au président Pervez Musharraf pour que ceux-ci soient à nouveau arrêtés dans l'attente d'un nouveau jugement.
Ce sordide feuilleton judiciaire remonte à juin 2002. A l'époque, les hommes d'une puissante tribu du village de Mukhtaran, les Mastoi, avaient accusé le frère cadet de la jeune femme, âgé de 12 ans, d'avoir une relation amoureuse avec une fille de leur clan. Un crime gravissime selon la culture locale, et qui jetait le déshonneur sur toute leur tribu. Mais l'adolescent a, par la suite, donné une autre version des faits, affirmant avoir été kidnappé et violé par trois Mastoi ; ces derniers auraient ensuite inventé cette histoire de flirt pour cacher leur méfait et faire taire le garçon.
Justice parallèle. Un conseil de chefs locaux (panchayat) fut convoqué pour juger l'affaire. Dans les campagnes pakistanaises, qui vivent sous le joug des seigneurs féodaux, ce système de justice parallèle résout fréquemment les différends entre clans. Cependant, les jugements rendus par ces chefs locaux relèvent du code tribal et n'ont rien à voir avec la loi officielle du pays. Les membres de ce panchayat ont considéré que l'honneur des Mastoi