Le rapport de l'International Crisis Group (ICG) met en lumière l'inadéquation entre le discours occidental sur l'islamisme et les réalités que ce mot recouvre.
Le discours occidental charrie une vision très monolithique de l'islamisme. Or, mettre dans le même sac Khomeiny, le salafisme ou les idées de Sayyed Qotb (1) est une erreur d'analyse massive qui prête à des non-sens et à de mauvaises décisions. Si l'Occident veut avoir un discours porteur dans le monde islamique, il ne faut pas dire des choses que les principaux intéressés reconnaîtront comme étant des inanités !
Il faut déjà établir une distinction très nette entre sunnisme et chiisme. D'autant que la tradition intellectuelle de l'islamisme chiite est aux antipodes du fondamentalisme sunnite. Les chiites ont par exemple toujours pratiqué l'ijtihad, l'interprétation. En ce qui concerne l'islamisme sunnite, qui préoccupe majoritairement le monde occidental, il est vu comme uniformément fondamentaliste, radical et menaçant pour les intérêts occidentaux. Pourtant, on peut distinguer plusieurs courants, que nous avons classés en trois catégories. Ceux qui pratiquent l'action politique, ceux qui se donnent à l'action missionnaire, et ceux qui se livrent au jihad. Le «jihadisme» lui-même se subdivise : le jihad interne, qui lutte contre un régime musulman considéré comme impie, le jihad irrédentiste, qui vise à libérer une terre d'islam occupée par de non-musulmans, et le jihad global, contre l'Occident. I