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Libération
Interview

Brésil: le parti de Lula à l'épreuve du pouvoir

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Un politologue analyse la crise d'identité du Parti des travailleurs, qui fête ses 25 ans.
publié le 22 mars 2005 à 1h05

Cofondé par des intellectuels, des activistes de la gauche catholique et des syndicalistes, en tête desquels figure Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil depuis janvier 2003, le Parti des travailleurs (PT) fête ses vingt-cinq ans aujourd'hui sous le signe d'une «crise existentielle», tant le pragmatisme qu'impose la pratique du pouvoir au plus grand parti de gauche d'Amérique latine l'éloigne de ses positions historiques.

Lula, dont la popularité est dopée par la forte croissance en 2004, suit une politique économique que lui-même aurait taxée de néolibérale, il y a peu. Ce recentrage radical nourrit la tension entre les diverses factions du PT, où coexistent la gauche révolutionnaire et le courant modéré proche de la social-démocratie, incarné par le président. Fernando Abrucio, professeur de sciences politiques à la fondation Getulio-Vargas, analyse la situation.

Le PT traverse-t-il, comme on le dit, une crise d'identité ?

Absolument. Avant son arrivée au pouvoir central, le PT s'opposait en bloc au gouvernement, assurant qu'il ferait tout autre chose à sa place. Et maintenant qu'il est aux commandes, il voit bien que ce n'est pas possible. Du coup, Lula, qui incarne l'aile modérée et majoritaire du parti, poursuit la politique économique orthodoxe de son prédécesseur et fait des réformes nécessaires, comme la baisse des trop généreuses retraites des fonctionnaires, mais que le PT a toujours dénoncées. D'où la crise d'identité. Une crise plus aiguë pour la gauche du