Pékin de notre correspondant
La levée de l'embargo européen sur les ventes d'armes à la Chine, souhaitée avec insistance par Jacques Chirac, a du plomb dans l'aile. Les Chinois eux-mêmes ont sans doute sérieusement compromis, au moins à court terme, ce geste politique de l'Union européenne qu'ils ont demandé avec force, en adoptant la semaine dernière la «loi antisécession», menaçant Taiwan du recours à la force pour empêcher toute velléité d'indépendance.
En visite à Pékin pour la première fois depuis sa nomination, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a profité de cette situation pour attaquer à nouveau le projet européen de levée de l'embargo. Il était difficile de ne pas sentir une certaine satisfaction dans sa voix lorsqu'elle a souligné, devant la presse, que les Européens auraient d'autant plus tort de prendre cette décision après l'adoption de la loi antisécession qui, a-t-elle dit, a fait monter d'un cran la tension entre Taiwan et la Chine continentale. «Du point de vue des Etats-Unis, ce ne serait pas le bon signal. Cela pourrait permettre de modifier l'équilibre dans une zone où les Etats-Unis ont des intérêts de sécurité», a-t-elle ajouté.
Absence de consensus. L'es Etats-Unis mènent une vigoureuse campagne contre la levée de l'embargo, et, selon des sources diplomatiques européennes, auraient profité du caractère martial de l'attitude chinoise lors de l'adoption de la loi antisécession pour «retourner» certains pays européens déjà peu enthousiastes. Un