Kigali correspondance
«Tu as tué tellement de gens que ta propre femme m'a avoué qu'elle ne voulait plus se servir de ta machette pour couper les papayes parce qu'il y avait trop de sang dessus», lance Josée Nirere, présidente du tribunal populaire chargé de juger les crimes de génocide dans la région de Ntongwe, au sud-ouest de la capitale rwandaise, Kigali. Ces tribunaux, connus sous le nom de «juridictions gacacas» (prononcer «gatchatcha»), sont une particularité du Rwanda.
Les premiers procès se sont ouverts début mars dans une centaine de ces gacacas. Il s'agit de juger les acteurs du génocide de 1994, qui a fait 800 000 morts, majoritairement des Tutsis, mais aussi des opposants hutus. Les autres cours gacacas le pays en compte près de 12 000 n'en sont encore qu'à la phase d'instruction.
Ces tribunaux populaires ont été créés par le gouvernement afin de désengorger les prisons, dans lesquelles 85 000 accusés attendent d'être jugés. Les gacacas fonctionnent sur le modèle des assemblées traditionnelles, où les habitants exposaient leurs différents, souvent liés à la terre ou au bétail. Les crimes les plus graves, comme la «planification», le «massacre avec zèle» et les «viols» restent de la compétence des tribunaux ordinaires.
Josée Nirere est l'une des neufs juges de ce tribunal populaire. C'est la population qui l'a élue à ce poste, la jugeant suffisamment impartiale pour présider le tribunal populaire. Un jour par semaine, bénévolement, elle dirige les débats. Le rest