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Libération

Brouille entre l'Eglise et l'Etat en Argentine

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L'affrontement porte sur la dépénalisation de l'avortement.
publié le 25 mars 2005 à 1h08

Buenos Aires de notre correspondant

En menaçant de jeter à la mer, avec une pierre autour du cou, le ministre de la Santé favorable à la dépénalisation de l'avortement, l'évêque aux armées a réveillé de vieux démons et polarisé un peu plus le débat sur un sujet brûlant en Argentine.

L'évêque aux armées Antonio Baseotto a rappelé que sa phrase était tirée d'une citation de la Bible sortie de son contexte. Mais il a provoqué le malaise dans un pays encore meurtri par les exactions des militaires pendant la dictature, entre 1976 et 1983. L'un des moyens favoris des tortionnaires pour se débarrasser des opposants au régime était de les jeter vivants dans le rio de la Plata, à partir des avions de l'armée de l'air. L'émotion est d'autant plus vive que cette affaire intervient juste après le procès de l'ancien capitaine de corvette Francisco Scilingo, l'un des principaux responsables des «vols de la mort», devant un tribunal madrilène qui a réclamé 9 138 années de prison. Un livre publié en février, El Silencio de Horacio Verbitsky, a aussi relancé la polémique sur les liens douteux entre l'Eglise et la junte. L'archevêque jésuite Jorge Mario Bergoglio aurait alors ourdi l'enlèvement par les militaires de deux prêtres de sa compagnie.

Clandestins. Le président Kirchner a mis fin par décret aux fonctions d'Antonio Baseotto. Dans un pays où la séparation entre l'Eglise et l'Etat n'existe pas, où l'évêque aux armées a le rang de vice-ministre et perçoit un salaire versé par l'Etat, cett