David Gaüzere termine une thèse de doctorat sur le Kirghizistan à l'université de Bordeaux-III. Dans le cadre de cette recherche, il a effectué plusieurs séjours dans ce pays d'Asie centrale depuis 1999.
La «révolution des tulipes» qui vient de renverser le président Akaïev était-elle prévisible ?
La situation politique s'est dégradée depuis 2002, avec la répression d'une manifestation pour le pain près de Kerben, dans le sud du pays. Il y a eu de nombreux morts et le Premier ministre, Kourmanbek Bakiev, a démissionné, avant de retourner sa veste et de passer dans l'opposition. Un an plus tard, le président kirghiz a forcé la légalité constitutionnelle en plaçant son fils, un homme d'affaires propriétaire de plusieurs boîtes de nuit à Bichkek, à la tête du Parlement en fait un tremplin pour sa succession à la présidence, prévue en octobre. Alors que la Constitution ne permet d'effectuer que deux mandats de cinq ans, Akaïev avait déjà prétexté que sa première élection datait d'avant l'indépendance, en 1991, pour rester quinze ans au pouvoir. Quand les élections législatives ont été falsifiées, les gens ont compris qu'ils n'avaient plus rien à attendre de ce régime. La dernière erreur de l'ancien chef de l'Etat a été de diminuer les aides financières au Sud, d'où est partie la révolte.
S'agit-il d'un mouvement vraiment populaire ou téléguidé par les Américains ?
Les deux se conjuguent. Kourmanbek Bakiev (le nouveau président par intérim, ndlr) est un homme du Sud qui a reçu des