Malgré la constante aggravation de la santé du pape, le Vatican martèle, contre toute évidence, que le souverain pontife reste capable d'exercer son magistère. «Même à partir d'un lit d'hôpital, il est possible pour celui qui gouverne l'Eglise d'exprimer sa volonté et de donner des ordres par écrit ou par geste», affirmait en février le cardinal Mario Francesco Pompedda, 75 ans, expert en droit canonique, alors que Jean Paul II était opéré à la clinique Gemelli. Le mutisme forcé du pape et son incapacité, pour la première fois hier, à prononcer la bénédiction urbi et orbi en ce dimanche de Pâques pose à nouveau crûment la question de sa démission éventuelle, ou plus précisément d'une «renonciation» (article 332/2 du droit canon). Car celle-ci est un acte souverain du pape qui n'a pas à être entériné par qui que ce soit dès le moment où «elle est faite librement et dûment manifestée».
Dogme. Pie XII avait pensé en 1943 à un tel recours au cas où les nazis envahiraient le Vatican. Paul VI avait lui aussi laissé une lettre de renonciation, au cas où il serait totalement incapable d'exercer ses fonctions. L'éventualité d'une démission de Jean Paul II a souvent été évoquée ces dernières années, y compris au plus haut niveau. Gardien inflexible du dogme et très proche du pape, le cardinal allemand Joseph Ratzinger, 78 ans, assurait en 2002 dans une interview que, «si le pape voyait qu'il ne peut plus continuer, alors il renoncerait». Un an plus tard, le cardinal ar