Taipei envoyé spécial
La très large mobilisation, samedi, des Taïwanais contre la loi antisécession chinoise donne la mesure de l'impasse dangereuse dans laquelle se trouvent les rapports entre les deux rives du détroit de Formose. A l'intransigeance et aux menaces de Pékin répond l'affirmation croissante d'une identité proprement taïwanaise, rendant chaque jour plus explosive la situation dans une des régions les plus surarmées au monde.
A usage interne. L'adoption au début du mois, par le Parlement chinois, de cette loi qui menace Taiwan du recours à des «moyens non pacifiques» pour empêcher la moindre de ses velléités d'indépendance a eu un sérieux effet boomerang qui permet de s'interroger sur les motivations des dirigeants de Pékin. A Taiwan comme dans le reste du monde, elle a eu un effet négatif pour le régime chinois lui-même, au point que l'on peut se demander si cette loi n'était pas d'abord à usage interne, afin d'asseoir le pouvoir du président Hu Jintao sur son armée, plutôt que d'avancer réellement sur le dossier taïwanais. La menace chinoise a en effet ressoudé le camp indépendantiste qui s'était déchiré. Après la défaite relative de son Parti démocratique populaire (DPP) aux législatives de décembre, le président taïwanais Chen Shui-bian avait effectué un recul tactique, le mois dernier : il s'était engagé à ne pas modifier le nom du pays actuellement république de Chine pour choisir celui de Taiwan, évitant ainsi de provoquer Pékin, qui y verrait un pas de