Nairobi de notre correspondant
Abdullahi Yusuf, président de la Somalie, connaît des débuts difficiles : il ne dispose pour le moment ni d'armée, ni de bâtiment, ni de budget. La seule chose dont il ne manque pas, ce sont des ministres, au nombre de soixante-quatorze ! Comme les députés qui l'ont élu le 10 octobre, il est d'ailleurs toujours en exil au Kenya, un pays voisin de la Somalie. Depuis quatorze ans, la Somalie survit ainsi sans gouvernement central. Et le président Yusuf ne peut toujours pas s'installer dans sa capitale, Mogadiscio, en raison de l'insécurité persistante.
Mauvais genre. L'exil kényan n'est pas de tout repos. La semaine dernière, à l'issue d'un vote sur le déploiement d'une force de maintien de la paix, les 275 députés se sont lancé des chaises, des verres et autres objets contondants à travers la salle de bal d'un grand hôtel de Nairobi. Plusieurs blessés ont été relevés. «Les images de la bagarre ont fait le tour du monde. Cela fait très mauvais genre au moment où on veut rétablir la crédibilité du pays», juge un diplomate européen. «Nous ne sommes pas dans une logique de partis politiques ici. Personne ne veut perdre la face ou celle de son clan», estime Babafemi Badejo, conseiller politique de l'ONU pour la Somalie.
Depuis la chute du dictateur Siad Barre, en 1991, la Somalie est profondément instable, divisée entre clans et sous-clans dominés par les chefs de guerre et leurs milices. La guerre civile a causé 300 000 à 500 000 morts et chassé au moi