Medan envoyé spécial
«Quand la terre s'est ouverte sous nos pieds, nous avons tous attendu la vague et commencé à prier. On s'est cru condamnés...» Sur le parvis de l'hôpital de Medan, la capitale provinciale du nord de Sumatra, où les premiers hélicoptères de retour de l'île dévastée de Nias déposent leur lot de blessés graves, Ustina remercie le Ciel et grimace de douleur. Malgré une fracture ouverte de la jambe et des ecchymoses sur tout le corps, cette institutrice sortie des gravats de son immeuble par des voisins sait que plusieurs de ses amis n'ont pas eu pareille chance. Lorsque le séisme de 8,7 degrés sur l'échelle de Richter a, lundi vers minuit, ébranlé sa ville de Gunung Sitoli, le principal port de l'île, beaucoup se sont retrouvés en un instant prisonniers des ruines. «Les trois marchés couverts de la ville ont pris feu, sans doute à cause des bouteilles de gaz entreposées par les restaurants, raconte Ustina, appuyée sur des béquilles et soutenue par un soldat. Les maisons ont été soufflées comme des châteaux de cartes. Le minaret d'une mosquée s'est brisé sous mes yeux. Mais le pire, c'était cette peur qui nous terrassait tous : celle de finir avalé dans le flot de boue d'un nouveau tsunami...»
Catastrophe nationale. La vague tueuse ne s'est heureusement pas reproduite. Quinze fois moins fort que celui du 26 décembre, dont l'épicentre se trouvait un peu plus au nord, le séisme qui a dévasté l'île de Nias est à ranger parmi ceux que l'archipel volcanique indonési