Gunung Sitoli, île de Nias envoyé spécial
De la colline de Sisobahili, où elle se terre avec ses parents, Insaf Zaluhu regarde atterrir en contrebas les premiers hélicoptères remplis de sauveteurs et de secours d'urgence. Quarante-huit heures se sont écoulées depuis que la terre s'est ouverte, lundi vers minuit, sous les pieds des habitants de l'île de Nias, au large de la côte ouest de Sumatra, déjà frappée, le 26 décembre, par la vague tueuse du tsunami. Comme la famille d'Insaf, beaucoup d'habitants de Gunung Sitoli, la capitale dévastée de Nias, refusent toujours de quitter leur refuge en forêt, sur les hauteurs qui surplombent l'océan Indien.
Le pire est à craindre. «Nous avons fui dans l'obscurité totale, sans rien d'autre que nos habits, raconte l'étudiante de 17 ans, sous une bâche tendue entre deux arbres. Notre maison menaçait de s'écrouler. Nous n'avions qu'un souci : échapper au raz de marée.» Juste à côté, sa tante est allongée, la tête recouverte de bandages sales. Les hommes l'ont transportée là, lundi vers 2 heures du matin, alors que la terre tremblait encore. Ensevelie par l'effondrement d'un pan de mur, elle souffre d'un grave traumatisme crânien. Une plaie purulente lui cisaille le front. Sans docteur ni médicaments, le pire est à craindre.
Les médecins commencent pourtant à arriver. Mais ils restent cantonnés dans le centre-ville de Gunung Sitoli, où les besoins sont légion. L'odeur pestilentielle qui se dégage des ruines du marché et des rues commerçantes