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Libération

La presse, tête de turc de l'islamiste Erdogan

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Le Premier ministre turc multiplie les plaintes contre les médias et veut renforcer le code pénal en ce sens.
publié le 1er avril 2005 à 1h21

Ankara envoyé spécial

A priori, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. La caricature représente le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, croqué en patelin matou incapable de se dépêtrer d'une pelote de laine (voir ci-contre). Publiée en une du quotidien laïque de gauche Cumhuriyet, en avril 2004, ce dessin de Musa Kart voulait illustrer la paralysie politique du leader islamiste modéré. Ce dernier n'a pas apprécié et a porté plainte, obtenant, fin février, 5 000 livres turques (2 900 euros) pour cette «offense à son image». Solidaires de leur collègue, des dessinateurs de l'hebdomadaire satirique Penguen ont, à la mi-mars, caricaturé Erdogan sous la forme d'un éléphant, d'un chameau, d'une grenouille, etc. Le Premier ministre exige, cette fois, 40 000 livres (23 500 euros) de dommages et intérêts. «Nous n'avions jusqu'ici jamais vu ça, ce gouvernement est sans aucune indulgence», s'indigne Erdil Yasaroglu, propriétaire de l'hebdomadaire.

Quelque 70 plaintes de ce genre ont été déposées par le leader de l'AKP (le Parti de la justice et du développement). Elles risquent de devenir encore plus systématiques avec le nouveau code pénal, théoriquement plus libéral, selon les exigences de l'UE. Prévue le 1er avril, son entrée en vigueur a été repoussée de deux mois à cause des critiques sur le caractère jugé «liberticide» de certains de ses articles sur la presse.

Concessions. Ces affaires illustrent toute l'ambiguïté du gouvernement, alors que Bruxelles dénonce «les retards» d