C'est un casse-tête inédit pour les ONG et les associations caritatives françaises. Plus de trois mois après le tsunami, qui a ravagé l'Asie du Sud et fait environ 300 000 morts, les professionnels de l'humanitaire se demandent comment utiliser les sommes astronomiques récoltées dans un élan de générosité sans précédent. Question inavouable, mais bien réelle.
Urgence. A ce jour, la Croix-Rouge française a engrangé près de 100 millions d'euros, davantage qu'une année de collecte pour l'ensemble de ses actions. Malgré son appel à cesser les dons (un geste là encore inédit), Médecins sans frontières (MSF) atteint à peu près le même sommet. Loin derrière, Action contre la faim (ACF) ou Médecins du monde (MDM) affrontent le même problème : comment se montrer digne de la confiance des donateurs ? Jusqu'ici, les sommes dépensées sont plus que limitées. La Croix-Rouge a dépensé «entre 5 et 10 %», ACF «plus de 3 millions» sur un total de 11,4, MSF près de 15 millions...
Rien de choquant à cela : après avoir paré au plus pressé au cours de la phase «d'urgence», les caritatifs doivent tenir compte des hésitations des gouvernements locaux. Exemple fourni par ACF : au Sri Lanka, les autorités n'ont toujours pas tranché la question de l'abri (en dur ou temporaire ?) à fournir aux déplacés. Difficile, dans ces conditions, de se lancer dans des projets de reconstruction à long terme...
Reconstruction : tel est le maître mot des ONG pour couper court aux questions de l'usage des fonds reçus. «N