L'un des principaux idéologues de la théologie de la libération, Leonardo Boff fut condamné, en 1985, à dix-huit mois de silence pénitentiel par Jean-Paul II en croisade contre les partisans de cette doctrine, selon laquelle l'Eglise a pour mission de lutter contre la pauvreté. Menacé de nouvelles sanctions, ce théologien franciscain quittera le sacerdoce en 1992.
Quel est selon vous l'héritage du pape ?
Son charisme, qui lui a permis de redonner à la religion une dimension publique, d'en faire une force capable de mobiliser les foules et de faire tomber le communisme. Superstar, c'était aussi un pape paradoxal. D'un côté, il était ouvert, prêchant par exemple le dialogue interreligieux. De l'autre, c'était un conservateur qui a mené une contre-réforme de l'Eglise, voyant dans le processus de modernisation par lequel elle passait depuis les années 60 une menace à l'identité catholique. Il a ainsi renforcé la centralité du Vatican et opéré un retour à la discipline, créant un catéchisme universel autant dire la pensée unique , et interdisant toute liberté idéologique. Il a puni 140 théologiens, dont moi.
Qu'attendez-vous de son successeur ?
Qu'il n'ait pas l'arrogance et le fondamentalisme doctrinaire de ce pontificat. L'Eglise ne peut pas se considérer la seule représentante légitime du message du Christ. Le nouveau pape devra aussi placer la mondialisation au centre de ses préoccupations. Car la pauvreté croissante dans le monde et la dévastation écologique sont ses principa