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Portrait

La consécration d'un seigneur de la guerre kurde

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publié le 7 avril 2005 à 1h33

Il a la rondeur du notable bien installé. «Un seigneur de guerre en habits de maire», résuma, non sans admiration, un diplomate américain. Le chef kurde Jalal Talabani, 72 ans, a la finesse d'un vieux routier de la politique irakienne, ce qui lui a permis, malgré les tragédies successives subies par son peuple et les retournements d'alliances, de maintenir son fief à Soulaymaniya, dans l'est du Kurdistan irakien. Désormais premier chef d'Etat élu démocratiquement de l'histoire de l'Irak, il s'installe dans le fauteuil qui fut celui de son implacable ennemi, Saddam Hussein. «Les Kurdes citoyens de seconde zone, c'est fini. Dans la nouvelle démocratie irakienne, je suis un citoyen comme les autres et j'ai donc le droit de revendiquer n'importe quel poste et pourquoi pas la présidence, d'autant que les Irakiens me connaissent et savent que j'ai passé toute ma vie à combattre pour la démocratie», déclarait Jalal Talabani, peu après les élections du 30 janvier, dont les résultats obligeaient à cette alliance entre le bloc kurde, majoritaire au Nord, et la liste chiite, largement gagnante au niveau national, pour arriver à l'indispensable majorité des deux tiers.

Symbole. Le leader de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), en tant que président de ce Conseil présidentiel de trois membres, disposera de pouvoirs assez succincts, mais le symbole est là : l'éternel proscrit occupe la magistrature suprême. L'autre grand chef kurde, Massoud Barzani, le leader du Parti démocratique du Ku