Rome envoyé spécial
C'est la grande marche vers la Ville éternelle, un pèlerinage de masse tout à la fois fervent et bon enfant, comme ceux qui parcouraient jadis les routes de l'Europe médiévale. De partout ils arrivent en voiture, en trains spéciaux ou en cars qui sont garés en longues files dans les banlieues autour de la capitale. Le fleuve des fidèles grossit d'heure en heure, confluant vers la place Saint-Pierre et les rues avoisinantes, envahies par plus d'un million de personnes. «La cité ne peut supporter l'arrivée d'autres fidèles», a souligné Guido Bertolaso, responsable de la Protection civile et commissaire extraordinaire pour les funérailles, qui a décidé hier soir de bloquer tout nouvel afflux vers le Vatican, où l'immense file piétine pour rendre un ultime hommage à la dépouille du pape. Les pèlerins sont désormais invités à se rendre sur un campus universitaire où les funérailles seront retransmises vendredi matin. Selon les estimations des autorités italiennes, jusqu'à quatre millions de personnes pourraient converger vers Rome à cette occasion.
«Je l'aimais.» Les fidèles se montrent aussi patients que disciplinés, s'abritant du soleil pendant la journée avec des parapluies et s'emmitouflant dans de gros anoraks ou des couvertures pour se protéger du froid de la nuit. Une foule silencieuse, recueillie. On se parle à voix basse. On susurre dans les telefonini (les téléphones portables). Juste quelques applaudissements, parfois, en chantonnant «Giovanni Paolo»