La démocratie irakienne est une école de la patience. Elus la veille par l'Assemblée nationale, après plus de deux mois de marchandages, le président kurde, Jalal Talabani, et ses deux vice-présidents ont nommé hier, comme prévu, un islamiste chiite modéré, Ibrahim Jaafari, au poste de Premier ministre. Mais il faudra attendre encore un peu avant que la passation du pouvoir ne devienne effective. Le nouveau chef du gouvernement a exprimé «l'espoir de terminer la formation» de son équipe «d'ici deux semaines». La loi lui accorde un délai d'un mois.
Il a indiqué «vouloir un gouvernement étendu avec des ministres des deux sexes et de toutes les communautés». La composition de son cabinet serait en réalité presque arrêtée. Mais dans le fragile équilibre entre Kurdes, chiites et sunnites, l'attribution d'un simple portefeuille peut nécessiter de très longues tractations.
Leader du parti Dawa, Ibrahim Jaafari était l'unique candidat de la coalition chiite sortie victorieuse des élections générales du 30 janvier. A peine a-t-il été désigné par le Conseil présidentiel que les règlements de comptes ont commencé. Son bloc, qui dispose de la majorité absolue au Parlement avec 147 sièges sur 271, a accusé son prédécesseur, le Premier ministre sortant Iyad Allaoui, de corruption et de complicité avec des cadres de l'ancien régime. Les députés chiites lui reprochent d'avoir introduit des baasistes dans les ministères de la Défense et de l'Intérieur. Ibrahim Jaafari a lui-même exigé la mise