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Libération
Reportage

Au Tchad, des jeunes paumés rééduqués à coups de Coran

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Les islamistes radicaux multiplient les centres de redressement.
publié le 9 avril 2005 à 1h39

N'Djamena de notre correspondante

Un jeune homme s'avance vers le marabout, une calebasse en fer remplie de l'eau du puits. Il rejoint ensuite les autres adolescents, allongés sur des nattes au fond de la cour, en train de psalmodier des versets du Coran. Sa démarche est vacillante. Au bout de ses jambes fluettes, une chaîne relie ses deux chevilles, chacune entourée d'un cercle de fer rouillé.

Ce jeune «récalcitrant» a été placé là par ses parents il y a un an. En échange de quelques contributions en nourriture, le marabout et une vingtaine de «professeurs» assurent la formation de plus de 2000 jeunes, âgés de 10 à 30 ans, dans un quartier du centre de N'Djamena, la capitale du Tchad. Une «formation» qui consiste à apprendre le Coran par coeur et à faire la manche dans les rues lorsqu'il n'y a pas de nourriture.

Bastonnades. A la différence des écoles coraniques, ces centres, qui se multiplient depuis quelques années, visent à «redresser» les enfants désobéissants, confiés par des parents dépassés ou indifférents. Les bastonnades, coups de fouet et gifles, font partie de la «pédagogie», au quotidien.

«Si vous souhaitez que l'on se charge de votre enfant, il faut s'attendre à ce qu'il subisse de durs traitements. Certains ont perdu la vie ici, explique placidement le cheikh, responsable du centre. Il faut vous en remettre à Dieu, qui seul décidera de son sort.»

Ici, les femmes, regardées avec méfiance, ne sont pas les bienvenues. Tout étranger qui n'est pas annoncé entre difficil